Amandine Lancelot, présidente et fondatrice de la société DNTech, au travers de cette interview, nous dit l’urgence de recourir à l’innovation pour mieux prévenir les risques de contamination, comme celle dans l’Aisne qui a causé la mort d’une fille de 11 ans et l’intoxication de plus de 30 enfants.
Son kit de détection de pathogènes (E.coli, Salmonella, Listeria. …) raccourcit de 10 jours à 2 heures, les délais d’identification des bactéries…
Installée à la pépinière Genopole (CCI Essonne), accompagnée par notre programme Upscale Bio, DNTech vient d’être primée au concours Even up qui récompense les startups innovant dans la transition agricole et agroalimentaire.
Que pensez-vous du temps de traitement de la contamination dans l’Aisne et que révèle-t-il des méthodes de contrôle ?
Amandine Lancelot : « Ce temps d’attente ne me surprend pas. Les méthodes de référence utilisent la culture bactérienne. Il faut compter une semaine avant de connaitre le résultat et une semaine supplémentaire pour confirmer si le premier test est réellement positif. On arrive à 10 jours, sans compter les temps d’incubation des symptômes, qui peuvent aller jusqu’à 3 jours et le temps d’identification de l’intoxication alimentaire souvent confondue avec une gastro …
Cette nouvelle affaire démontre le paradoxe de notre système de contrôle sanitaire.
En France, nous sommes le 3e plus gros testeur de sécurité alimentaire en Europe. Nous avons des exigences réglementaires très élevées et des sanctions très lourdes mais pour assurer le bon respect des normes, les outils utilisés sont devenus obsolètes.
L’épisode que nous vivons dans l’Aisne contribue à la perte de confiance du consommateur dans la France entière. Des boucheries ont été fermées mais la source de la contamination n’est toujours pas identifiée. Ces boucheries achètent la viande à un distributeur qui lui-même s’approvisionne auprès d’une coopérative agricole où ce jour-là, une contamination s’est certainement déclenchée.
Pour remonter le fil, l’enquête est très longue, nous en avons encore probablement pour plusieurs mois…
La France a besoin de se donner les moyens de son ambition de garantir la sécurité sanitaire des Français. »
Comment votre innovation s’insère-t-elle dans la chaîne de production alimentaire ?
Amandine Lancelot : « Notre kit peut s’insérer à toutes les étapes de la chaîne. Concrètement, c’est un petit appareil léger, de la taille d’un micro-ondes, facilement transportable.
Nos clients potentiels sont les industriels, de tout secteur alimentaire (produits laitiers, produit carnés, produits de la mer, aliments transformés etc).
La rapidité d’obtention des résultats réduit considérablement les risques d’intoxications.
L’industriel peut immédiatement isoler les lots avariés. Alors qu’aujourd’hui avec des délais de réponse de plusieurs jours, les lots contaminés sont mis sur le marché et dans le meilleur des cas, rappelés avant leur consommation.
Nous visons également d’autres acteurs de l’ensemble de la chaine de valeur de la fourche à la fourchette. »
Comment votre kit de détection peut favoriser l’hygiène alimentaire ?
Amandine Lancelot : « Notre kit répond au besoin urgent de rapidité et de fiabilité.
Notre méthode est basée sur un test PCR, il n’y a pas plus précis qu’une analyse génétique pour traquer une bactérie.
DNTech identifie en deux heures le pathogène au lieu des 5 jours requis par la méthode bactérienne conventionnelle. Nos résultats sont ultra fiables et grâce à notre innovation technologique nous pouvons réduire drastiquement le risque de faux négatif et de faux positif qui existent dans le cas de tests bactériologiques.
Cela permet d’empêcher la libération de lots contrôlés négativement alors qu’en réalité une contamination était présente… Troisième avantage, la simplicité d’utilisation. Tout microbiologiste non aguerri de la PCR peut effectuer un test avec une formation d’une heure seulement.
Nous sommes les seuls à proposer une solution qui allie rapidité, fiabilité et facilité d’utilisation. »
Quel est votre modèle d’affaires et à quel stade de développement vous trouvez-vous ?
Amandine Lancelot : « Nous sommes le « Nespresso » de la sécurité alimentaire !
Notre modèle d’affaire, est basé sur la vente de l’appareil et les réactifs au fil des besoins.
Notre solution fonctionne.
Il nous faut maintenant obtenir la certification ISO. Nous allons pour cela tester sur un panel d’aliments extrêmement large, de bactéries et d’environnements.
Nous sommes actuellement en levée de fonds pour financer cette étape de tests à grande échelle, nécessaire pour répondre au haut degré d’exigence de sécurité alimentaire.
Le marché des tests de sécurité alimentaire est appelé à croître partout dans le monde (+7,43 % au cours de la période 2024-2029, rapport Mordor Intelligence) avec d’un côté, une augmentation de la demande des consommateurs et de l’autre, des technologies de plus en plus fines et rapides. Nous avons un avantage concurrentiel à offrir une solution intégrable aux process actuels de contrôle et répondant à de forts enjeux écologiques et de santé publique.«