Lauréate du prix i-Lab 2025, la start-up ZebraMed incarne l’une des promesses les plus audacieuses de la TechBio française : réconcilier la puissance des algorithmes et la complexité du vivant. Derrière ce projet ambitieux, Valerio Laghi, immunologue et ancien chercheur à l’Institut Pasteur, qui a fait de son propre parcours de vie une source d’inspiration pour changer la manière dont sont conçus et testés les médicaments.
« Quand un proche est malade, on réalise à quel point la médecine reste encore souvent fondée sur des traitements génériques, appliqués à tous de la même manière », confie le chercheur-entrepreneur Valerio Laghi. « Pourtant, chaque organisme humain réagit différemment. Comprendre ces différences à l’échelle systémique est la clé pour concevoir des thérapies réellement personnalisées. »
C’est à partir de ce constat qu’est née ZebraMed, avec une idée simple mais révolutionnaire : utiliser le poisson-zèbre comme modèle biologique pour observer et prédire les effets des molécules dans un organisme vivant, en s’appuyant sur l’intelligence artificielle.
Son système automatisé couvre deux approches complémentaires :
- soit des larves de poisson-zèbre déjà porteuses de la même mutation génétique que chez les patients,
- soit des larves saines dans lesquelles ZebraMed introduit des déclencheurs biologiques de maladie (par exemple des cellules cancéreuses ou des virus), puis mesure finement leurs réactions aux molécules thérapeutiques, et ceci à grande échelle.
Cette approche, à la fois éthique, rapide et reproductible, génère des volumes massifs de données in vivo qui alimentent ensuite des modèles d’IA de nouvelle génération. Ces modèles, entraînés sur des données standardisées et physiologiquement pertinentes, deviennent alors capables de prédire les interactions médicamenteuses avec une précision inédite.
« Notre technologie crée un lien continu entre la biologie expérimentale et l’intelligence artificielle. C’est un véritable moteur de vérité biologique – notre plateforme « Ground Truth Engine » – qui permet d’entraîner les IA sur la réalité du vivant, et non plus sur des approximations issues de modèles cellulaires« , explique Valerio Laghi.
Le potentiel de ZebraMed va bien au-delà de l’oncologie ou de l’immunologie.
Cette approche s’applique à un large éventail de pathologies, y compris des maladies rares, où les besoins médicaux non couverts restent immenses. En bref, le champ des possibles est vaste.
Ce parcours fulgurant s’est accéléré avec le soutien de l’écosystème Genopole, où ZebraMed a trouvé un cadre favorable pour concrétiser son projet. Passée par le dispositif Shaker, qui accompagne les chercheurs dans la maturation de leur innovation, la jeune pousse vient d’intégrer Gene.io, le programme d’accélération du biocluster dédié aux start-up deeptech.
« L’appui de Genopole a été déterminant pour structurer notre démarche et rencontrer des partenaires capables d’évaluer et de faire évoluer notre technologie« , souligne Valerio Laghi. « Nous avançons désormais sur la conception d’un prototype complet de notre plateforme automatisée, tout en préparant notre première levée de fonds. »
Entre rigueur scientifique et vision industrielle, ZebraMed incarne la nouvelle génération d’entreprises où la frontière entre recherche académique et innovation privée s’estompe.
Son ambition : faire entrer la biologie prédictive dans les laboratoires pharmaceutiques, et à terme, rendre la médecine plus personnalisée, plus rapide et plus accessible.